On me demande souvent si j’ai une télévision chez moi. Est-ce qu’une prof de yoga, ça regarde la télé ?
J’ai effectivment une télé mais elle est toujours éteinte (sauf quand il y a harry potter, le hobbit ou hawaii 5-0, fan un jour, fan toujours !).
Est-ce que j’ai arrêté de regarder la télévision pour respecter cette légende urbaine qui dit que les profs de yoga ne regardent pas la télé ? Est-ce que j’ai arrêté pour suivre un effet de mode un peu bobo ? Ou parce que je me crois supérieure ? Ou parce que je suis ignare et ce qu’il se passe dans le monde ne m’intéresse pas ?
Rien de tout ça…
J’ai arrêté de consommer la télévision car 1/ c’est du bruit 2/ ça pollue l’esprit 3/ c’est une entreprise qui nous vend des mensonges pour nous abrutir à base de télé-réalité, « informations », publicités de produits dont nous n’avons pas besoin, talk show, etc.
Voici pourquoi j’ai arrêté la télévision et ce que ça a changé dans ma vie.
La prise de conscience
Déjà petite, on mange devant les infos. J’ai moins de 10 ans et je vois des images de violence à la télé (attentats, personnes battues, histoires de viol, alertes kidnapping) et je ne comprends pas pourquoi il faut manger en regardant ça. Ma mère, grande consommatrice de télévision, me dit que c’est important de s’informer et que c’est pour ça qu’on regarde les informations. Alors, tous les soirs, on regarde la même violence sur le même écran.
Quand je commence à vivre seule j’ai cette croyance limitante qui me trotte dans la tête « il faut que tu t’informes, sinon les gens vont te juger ». Alors je me force à regarder tous les soirs, la même violence sur le même écran.
En 2011, je fais une retraite de méditation. Quand je rentre, je suis incapable d’allumer la télé ou la radio pendant une semaine entière. Ça m’encombre l’esprit, je ne suis plus capable de recevoir autant d’informations. Je commence à comprendre que la télé et la radio sont du bruit. Mais je ne comprends pas assez pour arrêter.
Janvier 2015, j’apprends l’attentat contre Charlie hebdo. Comme tout le monde, je suis choquée et attristée. Sauf que les jours passent, les semaines passent et qu’à force de regarder la télé me monte une émotion : la peur. Je commence à me demander s’il est possible que je me fasse tirer dessus parce que j’ai une opinion politique, religieuse, culturelle différente, ou si j’ose m’exprimer et donner mon avis, ou si on peut me tuer juste parce que je me balade dans la rue au mauvais endroit au mauvais moment. Puis le mouvement « je suis charlie » se calme et la peur avec. J’allume moins ma télé mais à cette époque là je suis encore en études de communication où on nous apprend à consommer les médias. Alors je continue de regarder la même violence sur le même écran.
A cette période, grande fan de l’émission touche pas à mon poste, j’ai pour habitude d’avoir ce rendez-vous, chaque soir, pour regarder Cyril Hanouna. J’en pleure de rire. Au début. Jusqu’au jour où je comprends que cette émission devient la caricature d’elle-même, en forçant les chroniqueurs à faire des choses qu’ils ne veulent pas, en les humiliant, en faisant des blagues autour de sujets sérieux comme l’endométriose, en utilisant Nabila pour la mettre à moitié nue et faire de audience, en prônant le harcèlement par l’utilisation de méthodes perverses et humiliantes. Ça ne me fait plus rire et j’arrête mes rendez-vous quotidiens avec TPMP. Je commence à me poser des questions sur ce que la télé m’apporte mais toujours pas assez pour arrêter complètement.
14 juillet 2016. Ma mère m’appelle pour être sûre que je ne suis pas sur Nice. J’appelle une amie qui est sur place. Elle ne répond pas. Je vois des images choquantes sur mon écran, des gens qui pleurent, des taches de sang. Après 40 minutes d’attente, mon amie me répond « je suis sur place, je vais bien. Je suis allée aider. Il y a des corps partout. » Dans ma télé, ça sent la mort. Dans mon salon, ça sent la mort. Je commence à voir flou. Merde je pleure. Puis j’aperçois sur mon écran ce qui est pour moi l’image la plus violente de la soirée. Un petit ours en peluche, à côté d’une marre de sang. J’ai la nausée. Ce n’est pas de l’info tout ça, c’est la course à l’image la plus choquante. C’est toujours la même violence, sur le même écran. J’éteins ma télé, pour ne plus la rallumer.
Quelques jours plus tard, je réalise que durant toutes ces années, j’ai donné l’autorisation aux médias d’entrer chez moi, de créer chez moi une peur et une rage qui n’étaient pas les miennes. La télévision ne m’apportait rien de bon et me tirait même vers le bas.

La detox
L’attentat de Nice m’a clairement ouvert les yeux sur l’incapacité de la télévision à nous informer réellement, et leur capacité à vouloir créer en nous de la peur et à s’en nourrir. J’ai compris que ma peur n’était pas créée par la réalité mais par ceux qui diffusent l’information (réelle ou erronée) de cette réalité.
Pendant le confinement, je n’ai pas regardé les informations. J’allumais ma télé une fois par semaine, le mardi soir, pour regarder la saga harry potter. Le reste du temps, je lisais, je méditais, je travaillais sur ma formation de coaching, je créais mes programmes, je donnais des cours en ligne, je m’étais organisée un rituel chaque soir avec de la musique, des bougies et de l’encens pour prendre soin de moi. Pendant ce temps là, les personnes de mon entourage qui regardaient les informations se nourrissaient de peur et postaient sur leur réseaux le décompte des morts en France et en Italie. Est-ce que ce n’est pas un peu glauque tout ça ?
Ce n’est pas en comptant les morts que l’on va avancer. Par contre, si on prend soin de soi, qu’on renforce notre système immunitaire par la méditation, qu’on apprend à gérer les pensées toxiques, qu’on médite, on peut se soigner de la peur et lutter contre le cancer médiatique.
J’ai arrêté de consommer les médias quand j’ai compris qu’ils ne m’apportaient rien car ils ne me donnaient pas d’informations réelles, ils ne me permettaient pas de me développer personnellement, ils ne m’apportaient pas de satisfaction et de bien-être, ils ne me tiraient pas vers le haut. Ils n’apportent rien non plus à l’humanité puisqu’ils ne font que nous nourrir de peur et d’anxiété. Ils apportent de la peur souvent, du bruit toujours.
On me dit souvent « oui mais tu ne dois pas être aveugle, reste informée ». Informée par qui ? Des lobbys qui veulent faire de l’argent sur ma consommation… Informée de quoi ? Des informations (souvent fausses) d’une réalité que je ne peux pas changer. Informée comment ? En perdant mon temps devant un écran alors que je pourrais faire quelque chose de plus constructif…
À chaque fois que je médite, à chaque fois que j’ouvre un livre, à chaque fois que je me balade dans la nature, je sais que je fais du bien à l’humanité. A chaque respiration consciente, à chaque cours de yoga, à chaque méditation, j’amène un peu plus d’énergie de bienveillance pour moi et pour les autres. Je n’ai pas l’impression de faire quelque chose de bien pour moi ou les autres quand je regarde la télé.
La télé à banir ?
Attention, je ne crache pas sur la télévision car elle peut être porteuse quand elle est bien utilisée.
Arte créait des reportages magnifiques, les artistes et littéraires s’en servent pour faire leur promotion, la télé donne la parole à des victimes de maladies ou d’agressions.
Malheureusement, le monopole de ce médium est détenu par les JT, la télé-réalité et les talk-show. Je ne pense pas que les 3/4 de la population allument leur télé pour regarder Arte et je pense que la plupart des consommateurs allument leur écran car le silence leur semble pesant.
Comme tout, je pense que la télé doit être consommée en conscience. Qu’est-ce que ce médium ajoute comme plus-value à ta vie, est-ce que cela te tire vers le haut, t’apporte du bien-être, est-ce utile ?
Ce que ça a changé pour moi

Je me suis détachée du bruit. Je vis maintenant dans le silence. Un silence confortable et agréable. Un silence qui m’oblige aussi à me demander ce que j’ai vraiment envie de faire là maintenant ? Quand on s’ennuie, on zappe, puis on tombe peut-être sur un reportage intéressant ou sur une émission limitée mais dont on se contente parce qu’on n’a rien de mieux à faire. Sans télé, quand je m’ennuie je me demande ce que je pourrais faire et là, juste à côté de ma télé, j’ai cette colonne de livres de yoga et de développement personnel, en face de la télé j’ai mon canapé sur lequel j’aime méditer à côté de mes cristaux, dans l’entrée j’ai mon tapis de yoga, après ma cuisine j’ai mon bureau de peinture. Si je détourne la tête de ma télé je vois les choses qui m’ont vraiment tirées vers le haut quand j’en avais besoin.
Sans la télé je me sens moins léthargique. Je ne suis plus assise devant un écran sauf quand c’est pour le travail. Quand j’utilise un écran c’est parce qu’il y a un vrai but derrière, je suis dans l’action, je ne suis pas passive à recevoir une information.
Je ne me sens plus influencée. Je vais m’informer autrement, sur Youtube, qui est selon moi un médium de qualité où tu peux entendre l’avis d’experts, de médecins, de philosophes, de maîtres spirituels ou visionner des reportages de qualité. Tu vas également chercher toi-même l’information, tu es dans une vraie démarche, tu peux aussi choisir de voir les images que tu visionnes. Une fois que j’ai récolté les informations que JE suis allée chercher, je me fais ma propre opinion des choses. On ne m’impose pas d’informations, on ne m’impose pas d’images de violence, on ne m’impose pas une peur ou une opinion. Je me sens libre de penser ce que je veux. Je me sens également libre de ne pas recevoir une information si je n’en veux pas.
Ne pas regarder la télévision me permet de me positionner par rapport aux informations que je souhaite recevoir. Mais cela me permet également de choisir ce sur quoi je veux véritablement porter mon attention. Peut-être que c’est une façon de me sentir plus libre dans une société monopolisée par la sainte parole des médias.